Aller au contenu

Mes filles

Par Robert Rosenberg

Quand l’une de nos filles nous a annoncé ses plans de mariage, il s’en est suivi une discussion sur les enfants et le besoin d’avoir un toit familial. Naturellement, en bons parents que nous sommes, on s’est vite mêlé de leurs affaires. Et voilà que la progéniture s’est trouvée écrasée sous les conseils parentaux, en double d’ailleurs car même si les beaux-parents sont en Chine, l’Internet et les cartes d’appel font comme s’ils habitaient Brossard.

Tout le monde y mettait son grain de sel et en conclusion ma fille et mon futur gendre allaient s’acheter une maison pas trop vieille près des écoles et des services, à côté d’une bouche de métro, à un prix avoisinant les 200K à 215K. Euh, en Chine peut-être mais près d’une bouche de métro de la STM? Deux à trois fois ce prix oui, et sautez dessus quand vous l’aurez trouvée!

La pression montait, le futur gendre était coincé entre devoir montrer qu’il pourrait prendre soin de notre petit trésor et trouver le moyen de travailler deux emplois par jour, sept jours semaines pour rembourser l’hypothèque. Peut-être qu’en vendant l’auto et pourquoi pas son âme… Ils étaient bien mêlés et je sentais le moment venir où la chicane serait inévitable. Je les ai alors invités à passer au bureau des ventes du Lowney. J’allais les renseigner et les guider comme on le fait régulièrement avec nos jeunes clients.

« Combien déjà votre budget mensuel ? Ah bon. Alors voici un 570 pieds carrés donnant au niveau terrasse de la cour intérieure… »

On a fait le tour des unités pas trop chères entre 570 et 815 pieds carrés. Dans certains cas, des aubaines pour un deux chambres à coucher situé au centre-ville et pas loin d’une bouche de métro. Vous pourrez toujours vendre l’auto et louer votre stationnement pour réduire vos mensualités. Éventuellement, si cela va mieux, vous pourrez le reprendre, ou même le vendre en cas de besoin. On a aussi raisonné la nécessité immédiate d’une chambre d’enfant. Finalement, le beau 650 pieds carrés au troisième étage côté soleil semblait de plus en plus attrayant, et financièrement réaliste.

Je les ai laissés partir avec quatre plans d’unités et huit budgets différents variant sur les mises de fonds et la période d’amortissement de l’hypothèque. Pour renseigner les clients, on s’est monté un petit chiffrier Excel qui donne l’heure juste au niveau budgétaire; il n’y a pas que l’hypothèque à rembourser, mais aussi les frais de condo, les taxes municipales et scolaires, l’Hydro, tout y est, même la taxe de bienvenue et le solde du capital après cinq ans de remboursements de l’hypothèque. Je sais qu’une fois chez eux, ils vont discuter de tout ça : l’emplacement, le nombre de chambres, l’aménagement possible. Mais leurs yeux vont toujours voir le chiffre au bas de la feuille de budget : le montant à débourser tous les mois. D’une part le rêve, avec le beau plan de leur future résidence et de l’autre la réalité, avec ce budget broché au dos de chaque plan. Comme tous les clients pour qui l’on fait ce genre de montage, la réalité l’emporte et on fini par regarder le choix plus raisonnable de façon différente; on en voit le potentiel, on se dit qu’après tout, c’est premier achat, qu’il faut commencer quelque part.

Le lendemain ma fille et mon futur gendre étaient tout heureux. Fièrement, ils parlaient de leur future résidence à leurs collègues de travail. Je ne sais pas encore ce qu’ils ont choisi, je leur ai conseillé de prendre au moins une semaine pour y penser. Je sais toutefois qu’ils ne sont plus mêlés car un budget ça aide à voir clair, ça aide à repenser ses rêves, ça aide à s’entendre sur ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.

Après réflexion, j’ai été surpris d’avoir traité ma fille et mon futur gendre de la même façon que je traite tous mes jeunes clients. Mais encore plus surpris quand je me suis rendu compte que ce sont mes clients que je traite comme s’ils étaient mes enfants!

Robert

Poursuivre votre lecture

Retour au blog

On ne monte pas des murs. On essaie de les faire tomber. 

Notre aventure commence dans les rues du Vieux-Montréal et s’étend jusqu’à Griffintown, révélant comment des projets tels que Le Seville et le Lowney ont non seulement revitalisé des quartiers, mais également redéfini le concept de vivre en ville. Le Vieux-Montréal et Quai de la commune Dans les années 1990, le Vieux-Montréal entame sa métamorphose. Nous…
Lire l'article